ESG
9 MIN ARTICLE
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Nos cadres d’investissement ESG mettent en évidence, pour chaque secteur, les facteurs permettant selon nous de créer de la valeur sur le long terme.
- Nous avons recours à des données de tiers pour compléter la recherche menée en interne et accéder à une vue d’ensemble sur les problématiques environnementales, sociales et de gouvernance (ESG).
- En tant que gérants actifs, nous avons la possibilité d’ajuster notre analyse ESG pour tenir compte de l’évolution du contexte.
Chez Capital Group, nous reconnaissons la nécessité – et l’importance – d’intégrer nos connaissances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) à notre processus d’investissement. Cet objectif est cohérent avec notre mission de longue date : améliorer le quotidien des individus grâce à des investissements réussis.
Notre vision de long terme contribue à nous distinguer des autres sociétés de gestion d’actifs. Dans notre gamme de fonds d’investissement américains par exemple, la durée moyenne de détention d’une action est d’environ 3 ans, soit près de 55 % plus longue que celle de nos pairs1. Ce n’est nullement une coïncidence, car notre recherche fondamentale approfondie, le dialogue constant que nous menons avec les équipes dirigeantes, et la diversité des points de vue de nos analystes nous guident naturellement vers les sociétés axées sur la création de valeur à long terme. Nous avons compris que la rentabilité et la croissance d’une entreprise sont directement liées aux relations que celle-ci entretient avec ses clients, ses collaborateurs, ses fournisseurs, ses autorités de régulation et son environnement immédiat.
De plus, en travaillant selon un horizon à 3, 5, voire 10 ans, nous parvenons à identifier et à investir dans des sociétés positionnées de manière stratégique pour amener le changement. Lorsque l’on tient compte des critères ESG, on ne se limite pas à identifier les opportunités : on cherche à appréhender les risques.
Si la plupart des éléments ESG font naturellement corps avec notre processus d’investissement, et s’inscrivent depuis toujours dans les pratiques de nos analystes et gérants de portefeuille, nous oeuvrons désormais à les intégrer davantage dans l’approche globale de Capital Group, pour en faire un processus transparent, systématique et évolutif.
Pour tenir compte des critères ESG, nous avons organisé nos efforts en trois catégories : cadres d’investissement, processus de veille et vote par procuration/dialogue. Toute avancée dans l’une d’elles rejaillit automatiquement sur les deux autres, créant ainsi un cycle vertueux. Il est de notre volonté de créer un processus qui s’auto-consolide pour favoriser un apprentissage continu.
Intégration des critères ESG à The Capital System℠
La recherche fondamentale est au coeur de notre approche, et nous cultivons le principe dit de « l’importance relative » (ou « materiality » en anglais) pour guider toutes nos décisions d’investissement. En d’autres termes, nous donnons la priorité aux enjeux ESG qui ont un impact direct sur les résultats et les valorisations des sociétés.
En 2020, nos analystes d’investissement ont élaboré plus de 30 cadres d’investissement répertoriant les grands enjeux ESG pour chaque secteur, afin de nous éclairer sur les retombées financières pour les entreprises et nous permettre de mesurer et d’intégrer ces données à notre processus d’investissement. Tous les analystes des équipes d’investissement en actions et en obligations de Capital Group ont participé à ces concertations. Au total, Capital Group a consacré près de 4 000 heures à ce projet et recueilli les points de vue de 200 analystes d’investissement et 14 spécialistes ESG.
Le fait de privilégier les informations importantes est tout à fait cohérent avec le travail que notre groupe d’analystes chevronnés mène pour se forger une vision de long terme des différentes tendances sectorielles et du potentiel de chaque société.
Surtout, en nous appuyant sur ces cadres, nous cherchons à mesurer et à évaluer les risques et les opportunités (par exemple les tendances séculaires comme la transition énergétique ou les inégalités) que les indicateurs financiers traditionnels ne permettent d’appréhender que partiellement. Nous évaluons également le mode de fonctionnement des entreprises. Par exemple, peuvent-elles acquérir un avantage concurrentiel en attirant, en fidélisant et en faisant progresser les bonnes personnes ? Sont-elles en mesure de gagner la confiance des consommateurs en leur proposant des produits plus sains et plus sûrs ?
Capital Group n’est pas le seul gérant d’actifs à tenter de comprendre et de mesurer les informations ESG importantes. Certaines entreprises sont elles aussi déterminées à prendre ces sujets à bras-le-corps et à communiquer correctement auprès de leurs investisseurs. En 2019, 90 % des sociétés du S&P 500 ont publié un rapport de développement durable. C’est un progrès considérable par rapport aux 20 % répertoriés en 2011, et ce n’est qu’un début, car le Sustainability Accounting Standards Board (SASB) a élaboré des normes pour aider les sociétés cotées à divulguer les informations importantes susceptibles d’influencer les décisions d’investissement. Nous sommes convaincus de l’intérêt de cette démarche et siégeons activement à l’Investor Advisory Group du SASB.
Le poids de l’importance relative
Nous savons que l’importance est une notion dynamique : il n’est pas rare qu’un facteur d’abord négligeable devienne rapidement crucial. Alors que nous étions en train d’élaborer nos cadres sectoriels, la crise du Covid-19 est survenue et de nombreuses économies ont été mises à l’arrêt. Nous avions là une occasion parfaite d’utiliser notre travail en conditions réelles. Dans quasiment tous les secteurs, les entreprises ont été contraintes d’apporter des adaptations substantielles pour protéger la santé et le bien-être de leurs collaborateurs, de leurs clients et des populations directement concernées par leur activité, faute de quoi elles compromettaient leur survie. Dans ce cas, les informations importantes étaient la sécurité des salariés, les salaires et les avantages sociaux, la gestion de la chaîne logistique ou encore la cybersécurité (pour accompagner une transition rapide vers le numérique).
Pour nous, l’identification des informations importantes et l’estimation du délai dans lequel elles se refléteront dans le cours des actions conviennent particulièrement à notre mode de fonctionnement, puisque nous nous appuyons sur la recherche fondamentale approfondie menée par nos collaborateurs.
Pour tout ce qui touche aux enjeux ESG, nous n’externalisons ni la recherche, ni notre approche d’investissement.
L’hygiène et la sécurité dans les restaurants pendant la pandémie
Le Covid-19 a considérablement renforcé les risques dans le secteur de la restauration. La question de l’hygiène et de la sécurité des employés, depuis toujours un facteur clé pour les restaurants, est soudainement devenue une priorité absolue. Les leaders du secteur ont dû repenser comment protéger leurs collaborateurs et les inciter à rester à la maison en cas de risque d’infection, tout en assurant leur bien-être global grâce à des avantages comme le maintien de leur salaire, l’accès à des soins (y compris un accompagnement psychologique) ou la garde d’enfants.
L’hygiène et la sécurité, un enjeu ESG de taille | ||
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Pertinence dans l’analyse de l’investissement | Bonnes pratiques | |
En proposant une bonne mutuelle et un environnement sûr à leurs collaborateurs, les entreprises se différencient et peuvent acquérir un avantage concurrentiel pour attirer les meilleurs talents. |
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Ajouts liés à la pandémie de Covid-19 | Le Covid-19 est un facteur de risque supplémentaire, puisque de nombreux travailleurs essentiels ont contracté le virus au travail. |
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L’hygiène et la sécurité dans les restaurants pendant la pandémie
Le Covid-19 a considérablement renforcé les risques dans le secteur de la restauration. La question de la santé et de la sécurité des employés, depuis toujours un facteur clé pour les restaurants, est soudainement devenue une priorité absolue. Les leaders du secteur ont dû repenser comment protéger leurs collaborateurs et les inciter à rester à la maison en cas de risque d’infection, tout en assurant leur bien-être global grâce à des avantages comme le maintien de leur salaire, l’accès à des soins (y compris un accompagnement psychologique) ou la garde d’enfants.
Recherche interne + données de tiers = une association puissante
La même intention, mais des conclusions divergentes
Les grilles de notation ESG de Sustainalytics et de MSCI tiennent compte de l’exposition aux risques ESG et de leur gestion par les entreprises concernées. Dans le graphique ci-après, chaque point représente une société de l’indice MSCI All-Country World. Comme on peut le voir, la corrélation entre les deux notes est extrêmement faible, ce qui démontre l’absence de consensus sur la mesure de ces aspects et les disparités dans les méthodologies de notation. Voilà qui rend les données ESG difficilement comparables.
Sustainalytics vs. MSCI Adjusted (ACWI)

Lorsqu’elles sont fondées sur des informations quantitatives ou standardisées, les données ESG peuvent s’avérer précieuses pour notre processus d’investissement. Mais en plus d’apporter une solide connaissance sur les grands enjeux ESG, elles sont très utiles pour mesurer et évaluer les entreprises.
Face à l’intérêt grandissant pour tout ce qui touche à l’investissement responsable, nous avons vu fleurir de nombreux systèmes de notation des critères ESG. Or, les données fournies par des tiers ont des limites qu’il est important de comprendre. À l’heure actuelle, l’écart entre les notes des grands fournisseurs de données ESG est tel qu’il est quasiment impossible d’avoir une vision unifiée du profil d’une société. Une étude menée en 2019 par la MIT Sloan School of Management montre en effet une corrélation très faible de 0,61 entre les notes attribuées par les grands fournisseurs2, en très net contraste par rapport à la corrélation de 0,92 pour les agences de notation conventionnelles.
La même intention, mais des conclusions divergentes
Les grilles de notation ESG de Sustainalytics et de MSCI tiennent compte de l’exposition aux risques ESG et de leur gestion par les entreprises concernées. Dans le graphique ci-après, chaque point représente une société de l’indice MSCI All-Country World. Comme on peut le voir, la corrélation entre les deux notes est extrêmement faible, ce qui démontre l’absence de consensus sur la mesure de ces aspects et les disparités dans les méthodologies de notation. Voilà qui rend les données ESG difficilement comparables.
Accent sur les facteurs importants
Dans le secteur des services de santé, les analystes de Capital Group ont cherché à identifier les facteurs ESG qui leur paraissaient contribuer le plus à la rentabilité d’un investissement à long terme.

Chaque agence de notation a sa propre définition et méthodologie de mesure des enjeux ESG. On observe ainsi des différences dans la manière de sélectionner les enjeux à évaluer, de calculer les risques, voire de combler les lacunes de données liées à la publication d’informations limitées ou peu cohérentes par les entreprises. Cette absence de cohésion à l’échelle du marché crée un certain flou et rend toute comparaison entre notations d’agence différentes complètement hasardeuse.
Nous devons être sélectifs concernant les données ESG que nous utilisons. Certaines sont robustes, car basées sur des informations quantitatives ou comparables qui peuvent s’avérer utiles pour notre processus d’investissement. Pour alimenter notre processus d’évaluation des critères ESG, nos analystes identifient des données quantifiables fournies par des tiers et les incorporent à nos cadres d’investissement. Ce genre de données pouvant cruellement manquer dans certains secteurs, il faut alors compenser par une analyse fondamentale de terrain ou recourir à des sources de données non conventionnelles. Dans d’autres secteurs, plusieurs indicateurs de qualité existent et peuvent être intégrés tels quels à l’analyse d’investissement.
Notre recherche ESG en action
Le cas du secteur des services de santé illustre bien notre approche factuelle et globale des critères ESG. Les analystes de Capital Group ont observé que c’est la composante sociale qui compte le plus pour ce secteur, à savoir la sécurité des consommateurs et la qualité des produits, l’accessibilité économique et physique, mais aussi la sécurité et la confidentialité des données. Tous ces éléments dépendent de la qualité et de la responsabilité des équipe dirigeantes.
Accent sur les facteurs importants
Les analystes de Capital Group ont cherché à identifier les facteurs ESG qui leur paraissaient contribuer le plus à la rentabilité d’un investissement à long terme.
Dans le secteur américain des services de santé, le concept de « value-based healthcare » (qui consiste à améliorer et à mesurer l’état de santé du patient en fonction des coûts et moyens employés pour y parvenir) apparaît comme le modèle le plus viable sur le long terme. Dans ce modèle, les médecins ont tendance à aller davantage au-devant des patients et à privilégier des soins préventifs et continus. Cette approche contribue selon nous à améliorer la santé des populations et pourrait permettre de faire des économies, tout en augmentant la satisfaction et la fidélisation des patients.
Pour évaluer une société dans le cadre de cette approche d’investissement, nos analystes effectuent une recherche primaire directe consistant à poser des questions à tous les niveaux hiérarchiques, et pas uniquement aux dirigeants, afin de constater si les priorités identifiées transparaissent dans sa culture et dans ses activités. Et il ne s’agit pas d’une enquête ponctuelle, ni même annuelle : le suivi est constant.
En plus d’interagir avec les sociétés, nos analystes s’appuient sur des indicateurs comme la satisfaction de la clientèle et les taux de recommandation nets, et sollicitent les autorités de contrôle pour faire le point sur le risque de sanctions (courriers d’avertissement, amendes, restrictions, rappels).
Une vision différente des critères ESG
Nos efforts de recherche peuvent parfois nous amener à être en désaccord avec les agences de notation ESG. L’une d’elles, par exemple, a attribué une note médiocre à un établissement que nous considérons comme pionnier dans les soins « value-based healthcare ». La raison ? Il publie des informations limitées sur ses taux de satisfaction de la clientèle et n’a pas de politique sur les risques sanitaires émergents comme l’obésité et les pollutions environnementales. Nous voyons les choses différemment : en ayant fait évoluer la grille de rémunération de ses médecins, cet établissement encourage les soins préventifs et contribue globalement à améliorer la santé des patients, ce qui nous paraît favoriser sa prospérité à long terme en tant qu’organisation et en tant qu’investissement.
Notre principal objectif est d’identifier les sociétés susceptibles d’enregistrer des résultats pérennes. Bien qu’elles tiennent aussi compte de cet aspect, les agences externes n’ont pas le même objectif, ce qui peut expliquer les divergences de résultats. Le service de notation ESG de MSCI met l’accent sur les activités des sociétés dans le contexte de leur secteur et attribue les scores sur une base relative. Sustainalytics a pour sa part adopté une nouvelle méthodologie en 2018 qui privilégie le « risque ESG non géré », en vertu de laquelle chaque société est notée par rapport à son exposition au risque ESG sectoriel ou régional, sans tenir compte des mesures engagées pour l’atténuer. La mission du SASB est différente et consiste à élaborer des normes de reporting pour aider les entreprises à divulguer des informations importantes et décisives pour les investisseurs. Nous évaluons chacun de ces éléments avant de nous baser sur nos cadres d’investissement pour nous forger notre propre opinion.
Un processus évolutif axé sur l’amélioration des résultats
Nous ne saurions nous passer de notre recherche ESG pour mener à bien notre mission d’amélioration du quotidien des individus grâce à des investissements réussis. Mais c’est un travail de longue haleine : sachant que rien n’est figé et que les grands enjeux ESG peuvent rapidement évoluer, nous adaptons continuellement nos cadres d’investissement.
Pour nous assurer que ces outils restent exploitables, nous maintenons le dialogue avec les sociétés, que nous considérons davantage comme nos partenaires que comme nos adversaires, même si nous pouvons être amenés à les interpeller pour qu’elles améliorent leurs pratiques. Les sociétés étant progressivement contraintes à adopter une politique durable, nous espérons que cet esprit de partenariat nous permettra d’avancer, d’apprendre ensemble et de contribuer à une meilleure prise en charge des enjeux ESG. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, mais nous demeurons plus que jamais convaincus qu’une approche des critères ESG basée sur le principe d’importance relative contribuera à faire évoluer positivement les pratiques durables et à améliorer les résultats pour nos investisseurs.
1. La durée moyenne de détention des actions dans la gamme American Funds est de 2,9 ans, contre 1,9 an pour les autres sociétés de gestion d’actifs. Moyenne équipondérée de chacune des 20 catégories « actions » Morningstar de la gamme American Funds au 31 décembre 2020. Les fonds obligataires ne sont pas inclus dans ce calcul en raison des pratiques différentes de négociation de cette classe d’actifs par rapport aux actions. Les fonds American Funds ne sont pas enregistrés à la vente hors des États-Unis..
2. Berg, Florian, Kölbel, Julian et Rigobon, Roberto, « Aggregate Confusion: The Divergence of ESG Ratings », MIT Sloan School Working Paper 5822-19, MIT Sloan School of Management (Cambridge, Massachusetts), 2019.
Sauf mention contraire, toutes les données sont à fin décembre 2020.
Capital Group gère des actions par le biais de trois entités d’investissement, qui décident en toute indépendance de leurs investissements et de leurs votes par procuration. Les professionnels de l’investissement obligataire assurent la recherche et la gestion d’actifs obligataires par le biais de Capital Group. En ce qui concerne les titres apparentés à des titres de participation, ils agissent uniquement pour le compte de l’une des trois entités d’investissement en actions.
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