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Comment aborder le sujet du bitcoin avec vos clients
Barbara Burtin
Analyste d’investissement actions
Douglas Upton
Analyste d’investissement actions
Alan Wilson
Gérant de portefeuille

La peur de passer à côté d’une opportunité exerce une influence majeure sur les investisseurs. Difficile en effet d’ignorer un actif qui a gagné plus de 500 000 % en quelques années seulement et qui s’est attiré des commentaires très médiatisés d’Elon Musk ou encore de Warren Buffett.


Le bitcoin et d’autres cryptomonnaies fascinent les investisseurs et placent les professionnels de l’investissement au cœur d’un débat passionné pour déterminer s’il est – ou non – judicieux de se lancer dans la course.


Bien sûr, il peut être tentant de qualifier le bitcoin d’effet de mode, et de dire aux clients qu’il ne convient pas à leur portefeuille. Mais se contenter d’ignorer le sujet ne sera pas perçu comme étant la bonne approche par certains d’entre eux. Et cela sans compter qu’aborder ce sujet vous donnerait un excellent moyen de mieux cerner leur tolérance au risque.


« Si l’un de vos clients souhaite réellement acheter des bitcoins, vous n’avez aucun intérêt à lui répondre de ne pas le faire, explique Barbara Burtin, analystes d’investissement actions chez Capital Group, chargée de couvrir le secteur bancaire. Car en réalité, le fait d’en détenir une petite quantité peut être une expérience riche d’enseignements. »


Qu’est-ce que le bitcoin ?


Si le bitcoin est, de loin, la plus prisée des monnaies virtuelles assorties d’une cryptographie avancée, il existe aussi l’Ethereum, le Ripple et le Litecoin. À la différence des devises classiques, le bitcoin ne repose sur aucune autorité centrale, banque ou État souverain.


Sa création remonte à 2008, lorsqu’un programmeur anonyme utilisant le pseudonyme Satoshi Nakamoto publia un livre blanc exposant les grandes lignes de la technologie et le code requis pour pouvoir utiliser la cryptomonnaie.


Ce livre blanc décrit surtout le processus de « minage » (ou « mining » en anglais) qui permet de créer des bitcoins supplémentaires au moyen de calculs effectués par des algorithmes. Ces calculs, qui prennent un certain temps, permettent de sécuriser les transactions et de créer de nouveaux bitcoins. Seulement 21 millions de bitcoins peuvent être « minés », et plus le nombre de bitcoins vérifiés augmente, plus il faut de temps pour en créer de nouveaux.


La volatilité en action


« Le bitcoin a tendance à attirer beaucoup l’attention à chaque fois que sa valeur fait un bond, explique Alan Wilson, gérant de portefeuille chez Capital Group. Toutefois, il faut garder à l’esprit qu’il peut aussi fortement chuter. Les adeptes de la spéculation doivent donc s’attendre à une volatilité extrême dans les deux sens. »


Le bitcoin a effectivement plongé de près de 14 % pendant une heure le 17 avril 2021, avant de rebondir, un mouvement provisoire qui semble résulter de rumeurs non confirmées selon lesquelles les autorités américaines veulent prendre des mesures énergiques contre le blanchiment de capitaux par le biais de cryptomonnaies. Quelques jours plus tôt, l’introduction en bourse de la plateforme de trading Coinbase, pour une valorisation de 86 milliards USD, avait aussi tiré à la hausse le bitcoin et d’autres cryptomonnaies.


Les fameux tweets d’Elon Musk ont également contribué à la volatilité du bitcoin. En février par exemple, l’annonce selon laquelle les véhicules Tesla pourraient être payés en bitcoins avaient fait s’envoler la cryptomonnaie, qui s’est ensuite effondrée en mai lorsque son PDG a changé d’avis. qui s’est ensuite effondrée lorsqu’il a changé d’avis en mai. Pour sa part, la Securities and Exchange Commission (la SEC, autorité des marchés financiers américains) a publié une déclaration le 11 mai dernier pour attirer l’attention sur les fonds de placement exposés au marché des contrats à terme sur bitcoin, incitant les investisseurs à « s’intéresser au niveau de risque qu'ils prennent » et à déterminer s’ils sont à l’aise avec celui-ci.


Une fois que vous avez clarifié les bases du bitcoin avec vos clients, quels aspects faut-il aborder ? Voici quatre idées proposées par des spécialistes de Capital Group qui ont étudié les cryptomonnaies :


1. Proposer une exposition limitée et la considérer comme un moyen d’apprentissage


Il est facile pour les investisseurs d’extrapoler comment 100 000 USD investis en bitcoin il y a cinq ans seraient devenus 14 millions USD aujourd’hui. Mais c’est à vous d’expliquer que ces résultats spectaculaires passés ne constituent aucune garantie des résultats futurs.


Compte tenu de la volatilité extrême du bitcoin, Barbara Burtin suggère de conseiller aux clients qui veulent absolument en posséder de ne pas y consacrer plus de 1 % de leur portefeuille. « Si un client insiste, alors conseillez-lui de ne pas investir plus qu’il ne serait prêt à perdre. »


Et comme elle l’ajoute, la détention d’une petite quantité de cryptomonnaie peut être une expérience utile en termes d’apprentissages. Le fait, pour les clients, d’avoir des intérêts en jeu est en effet un bon moyen de mieux se familiariser avec cette classe d’actifs, mais aussi d’évaluer leur véritable tolérance au risque et d’observer leur réaction à sa forte volatilité.


2. Répertorier les grands risques


Risque 1 : le bitcoin n’est pas un moyen d’échange au sens habituel du terme. Le nombre de bitcoins en circulation est limité et les nouveaux bitcoins peuvent uniquement être « minés ». Ce processus nécessite une puissance de calcul considérable, puisqu’il engloutit près de 0,6 % de l’électricité mondiale, soit plus que la seule Argentine d’après le Bitcoin Electricity Consumption Index tenu par le Centre for Alternative Finance (Université de Cambridge). Et comme le précise Douglas Upton, plus le bitcoin est cher, plus l’installation de systèmes de minage puissants est rentable pour les spéculateurs. Sans compter que toute nouvelle augmentation du cours s’accompagnera d’une hausse de la consommation d’électricité, principalement dans des pays où elle est produite par des centrales au charbon et génère donc d’importantes émissions de CO2.


Risque 2 : il est peu probable que les pouvoirs publics autorisent l’utilisation généralisée et non contrôlée du bitcoin, ajoute Douglas Upton. « L’ambition du bitcoin est de remplacer les monnaies souveraines. Or si on le laisse se démocratiser, la capacité des banques centrales à fixer leur politique monétaire et des autorités à taxer les bénéfices et le patrimoine pourrait s’en trouver réduite. » De la même manière, les pays peuvent décider de légiférer pour durcir les conditions d’utilisation du bitcoin. La Corée du Sud a ainsi récemment adopté une loi régissant les cryptomonnaies pour limiter le blanchiment de capitaux et d’autres activités criminelles. La Chine, qui a déjà pris des mesures énergiques contre les cryptomonnaies, vient pour sa part d’introduire sa propre monnaie virtuelle, tandis que les États-Unis pourraient bientôt créer un dollar numérique (ou « e-dollar »).


Risque 3 : le bitcoin n’est pas une réserve de valeur stable. Certains investisseurs considèrent les cryptomonnaies comme un moyen de « stocker » de la valeur. À tort, puisque plusieurs cas de vol de bitcoins ont été révélés, et que des propriétaires malheureux ont égaré ou oublié leurs codes d’accès confidentiels. Et comme le bitcoin ne dépend d’aucune autorité centrale, il n’y a aucun moyen d’obtenir de l’aide.


Risque 4 : le portage est négatif. À la différence de la plupart des grandes devises (dollar compris), dont la détention est rémunérée sous forme d’intérêts, le bitcoin peut, comme l’or, être assorti d’un coût de détention supérieur au revenu généré par sa détention.


Risque 5 : le bitcoin n’offre pas toujours une couverture contre le risque lié aux actions américaines, explique Jens Sondergaard, analyste spécialiste des devises chez Capital Group. Les passionnés de bitcoin ont tendance à penser que les cryptomonnaies peuvent offrir une protection contre les pertes lorsque les marchés actions reculent. Bien que cela se soit parfois avéré vrai, le bitcoin n’a pas apporté de protection efficace durant le marché baissier survenu fin février/mars 2020, puisqu’il s’est lui aussi effondré, avant de rebondir et d’enregistrer une progression spectaculaire. « Le bitcoin n’ayant pas encore démontré son efficacité en tant que couverture, les investisseurs doivent faire preuve de prudence à l’heure d’imaginer sa réaction possible à différents contextes de marché », conclut Jens Sondergaard.


3. Reconnaître le potentiel de la technologie derrière le bitcoin


Malgré les risques majeurs qu’elles comportent, les cryptomonnaies sont également une véritable source d’innovation, estime Ninou Sarwono, spécialiste des technologies émergentes chez Capital Group.


Innovation 1 : la blockchain. Il faut voir le bitcoin comme la première application de la blockchain, qui est un grand livre numérique partagé sur des réseaux publics ou privés et qui sert à tracer les opérations. Ce grand livre est constitué d’opérations approuvées par les « mineurs » et enregistrées sous forme de blocs d’information. À mesure que les blocs s’accumulent, ils sont solidement rattachés aux opérations antérieures, ce qui crée des chaînes de données pouvant être partagées et complétées par les parties prenantes. La gestion des transactions financières est ainsi facilitée et plus efficace.


De nombreux grands établissements financiers utilisent déjà la technologie derrière le bitcoin. Quel que soit le destin du bitcoin, la blockchain est promise à un brillant avenir, conclut Ninou Sarwono.


Innovation 2 : l’offre publique de jetons (ou Initial Coin Offering, ICO). Pour financer un projet, les entreprises peuvent lever des fonds en cryptomonnaies. Elles émettent pour cela des « jetons » que les détenteurs peuvent échanger ou utiliser pour acheter ses biens et services. Les jetons sont comparables aux points de fidélité des programmes grand voyageur, explique Ninou Sarwono.


Ces innovations ont le potentiel de modifier la manière dont les entreprises lèvent des capitaux et d’élargir le vivier d’entreprises dans lesquelles il est possible d’investir. Mais il y a des pièges. Les autorités réglementaires avertissent que ce mode de financement n’étant pas officiellement agréé, il peut être la cible de fraudes, et quelques problèmes ont en effet déjà été constatés.


Innovation 3 : de nouvelles alternatives pour certaines régions du monde. Les cryptomonnaies semblent captiver davantage les pays dont la devise est moins stable, commente Barbara Burtin. Comme l’or, elles peuvent être vues comme un actif de réserve. Une meilleure réglementation serait bienvenue pour préserver leurs atouts, tout en limitant leurs inconvénients.


4. Envisager d’utiliser le bitcoin pour mieux comprendre la psychologie des investisseurs


Bien qu’il puisse paraître prudent de dissuader vos clients d’acheter des bitcoins ou d’autres cryptomonnaies, il existe de bonnes raisons d’explorer malgré tout les options existantes. L’une d’elles offre l’avantage notable de mieux cerner leur psychologie d’investisseur.


Le fait qu’un client achète des bitcoins vous donne en effet une excellente occasion d’évaluer sa réaction à une volatilité forte. Au-delà des données collectées dans le cadre d’une enquête standardisée destinée à identifier son profil, c’est un moyen précieux et réaliste de connaître sa véritable tolérance au risque, explique Barbara Burtin, ce qui peut s’avérer très utile pour déterminer la meilleure allocation d’actifs pour son portefeuille.


« Le comportement est tellement important lorsque l’on investit, que dans ce cas, le bitcoin en devient secondaire. Un tel investissement peut donc servir de révélateur de la psychologie du client ».



Barbara Burtin est analyste d’investissement actions et directrice de recherche, chargée de couvrir le secteur bancaire européen et latino-américain, ainsi que le secteur mondial des prestataires de services bancaires. Elle possède 12 ans d’expérience, cumulée intégralement au sein de Capital Group. Elle est titulaire d’un MBA avec mention de Wharton School (université de Pennsylvanie) et d’un master en finance de HEC Paris. Barbara est basée à Los Angeles.

Douglas Upton est analyste d’investissement actions, chargé de couvrir le secteur mondial de la métallurgie et de l’extraction minière. Il possède 32 ans d’expérience et a rejoint Capital Group il y a 16 ans. À ses débuts chez Capital Group, il a également couvert le secteur bancaire canadien et été directeur de recherche Europe. Il est titulaire d’un MBA et d’une licence de mathématiques et physique d’UWA (University of Western Australia). Doug est basé à Londres.

Alan Wilson est gérant de portefeuille et possède 36 ans d’expérience, dont 30 au sein de Capital Group. Il est titulaire d’un MBA de Harvard et d’une licence de génie civil de MIT.


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