Capital IdeasTM

Perspectives d’investissement de Capital Group

Categories
Volatilité boursière
Les prix des matières premières, source de différenciation des marchés obligataires émergents
Kirstie Spence
Gestionnaire de portefeuille obligataire
CE QU’IL FAUT RETENIR
  • Les marchés obligataires émergents pourraient subir le contrecoup de la guerre en Ukraine par l’entremise des prix des matières premières. Si une hausse prolongée de ces derniers pourrait soutenir la balance extérieure des pays exportateurs de matières premières, elle pourrait en revanche pénaliser ceux qui exportent des produits manufacturés.
  • La conjoncture actuelle devrait profiter le plus aux pays d’Amérique latine qui exportent des matières premières, et pénaliser plus durement les pays d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que la Turquie. 
  • Alors que les taux de change étaient autrefois étroitement liés aux prix des matières premières, cette corrélation semble s’être aujourd’hui inversée, ce qui reflète peut-être un choc de l’offre plutôt qu’une hausse des prix liée à la demande.

La flambée des prix des matières premières


Les marchés obligataires émergents pourraient subir le contrecoup de la guerre en Ukraine par l’entremise des prix des matières premières, la Russie étant le premier exportateur au monde de gaz naturel et le deuxième exportateur de pétrole brut et de produits pétroliers. Les États-Unis ont d’ores et déjà imposé un embargo sur les importations de pétrole russe, et le Royaume-Uni a annoncé sa décision de cesser progressivement ses importations d’ici la fin 2022. En conséquence, le baril de Brent a franchi le seuil des 110 USD pour la première fois depuis 20141. La Russie et l’Ukraine sont aussi d’importants exportateurs de denrées alimentaires : ensemble, ils représentent près de 30 % des exportations mondiales de blé, dont les cours atteignent actuellement des sommets inédits depuis dix ans. Et la Russie est un grand exportateur de nickel, de palladium et de titane. Dans cet article, nous analysons comment la hausse des prix des matières premières pourrait affecter les autres marchés émergents. 


L’impact macroéconomique d’un choc de l'offre lié aux prix des matières premières


1. Croissance économique : L’offre réduite de matières premières pourrait renforcer les tensions d’approvisionnement dans l'économie mondiale, tandis qu’un repli du revenu réel (d’abord par le biais de la consommation des ménages du fait des prix en hausse, puis par le biais des échanges commerciaux du fait du choc de revenu) érodera le pouvoir d’achat des ménages. Les deux effets freineront la croissance économique. À l’inverse, la hausse des prix des matières premières profitera aux pays exportateurs nets de pétrole, ce qui contribuera à améliorer les profits de leurs entreprises et les salaires de leurs travailleurs. Dans les pays producteurs où les prix du pétrole sont très subventionnés, une hausse des cours internationaux pourrait avoir un impact limité sur l’offre et la demande.


2. L’inflation : l’impact direct sur l’inflation d’un pays dépend de la part des matières premières dans le panier de l’indice des prix à la consommation (IPC) de ce pays. Cette part atteint par exemple près de 60 % en Inde, contre 22 % aux États-Unis et 32 % dans la zone euro2. Les mesures publiques sur les prix des carburants sont un autre facteur à prendre en compte : la plupart des grands pays exportateurs de pétrole (Arabie saoudite, Koweït, etc.) subventionnent ou régulent les prix à la pompe pour leurs consommateurs, qui sont de ce fait moins impactés par une hausse des prix des matières premières.


3. Solde budgétaire : dans les pays qui importent des matières premières subventionnées, la hausse des prix peut contribuer à dégrader les comptes budgétaires. C’est le cas en Indonésie. À l’inverse, le solde budgétaire des pays exportateurs de matières premières s’améliore lorsque les prix des matières premières augmentent. Pour de nombreux pays émergents exportateurs, le prix de revient du pétrole3 est sensiblement inférieur à celui d’autres matières premières : au Qatar par exemple, le seuil de rentabilité est de 44 dollars, contre 67 dollars pour l’Arabie saoudite4.


4. Balance courante : l’amélioration des termes de l’échange devrait être positive pour la balance courante des pays exportateurs de matières premières. La Russie, le Chili, la Malaisie, l’Afrique du Sud et le Brésil sont les pays qui tireront le plus parti d’une hausse des prix des matières premières, même s’ils n’exportent pas tous les mêmes.


 


1. Source : IEA, Global EV Outlook 2021.


2. Données de janvier 2022. Source : InsideEVs.


3. Somme de toutes les charges directes et indirectes supportées pour la production et la distribution d’un produit ou d’un service.


4. Source : Institut de la finance internationale (IIF). Prix de revient pour les budgets 2022. Au 12 octobre 2021. 


Avant d’investir, il convient de tenir compte des facteurs de risque suivants :

  • Le présent document n’a pas vocation à fournir un conseil d’investissement, ni à être considéré comme une recommandation personnalisée.
  • La valeur des investissements et le revenu qu’ils génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale.
  • Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.
  • Si la devise dans laquelle vous investissez s’apprécie face à celle dans laquelle les investissements sous-jacents du fonds sont réalisés, alors la valeur de votre placement baissera. La couverture du risque de change vise à limiter ce phénomène, mais rien ne permet de garantir qu’elle sera totalement efficace.
  • Les risques varient selon la stratégie et peuvent être associés à l’investissement dans les actifs obligataires, les marchés émergents et/ou les titres à haut rendement (high yield). Les marchés émergents sont volatils et peuvent pâtir de problèmes de liquidité.


Kirstie Spence est gérante de portefeuille obligataire chez Capital Group. Elle possède 25 ans d’expérience en matière d’investissement, cumulée intégralement au sein de Capital Group. Elle est titulaire d’une maîtrise d’allemand et de relations internationales qu’elle a obtenue avec mention à l’université St. Andrews en Écosse. Kirstie est basée à Londres.


Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs. La valeur des investissements et le revenu qu’ils génèrent ne sont pas constants dans le temps, et les investisseurs ne sont pas assurés de récupérer l’intégralité de leur mise initiale. Les informations fournies dans le présent document ne constituent pas une offre de conseil en investissement, en fiscalité ou autre, ni une sollicitation à l’achat ou à la vente de titres.

Les déclarations attribuées à un individu représentent les opinions de ce dernier à la date de leur publication, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Capital Group ou de ses filiales. Sauf mention contraire, toutes les informations s’entendent à la date indiquée. Certaines données ayant été obtenues de tiers, leur fiabilité n’est pas garantie.