Quelques semaines après le « jour de la libération », le dollar US avait semblé se stabiliser. Pourtant, il continue lentement à se déprécier face à la plupart des monnaies des pays développés et émergents.
Pour déterminer si le billet vert subit actuellement une période prolongée de faiblesse, il faut examiner ses principaux facteurs de soutien, car sa trajectoire à court terme offre des éléments d’explication insuffisants.
D’après les modèles de valorisation fondamentale des cours de change, le dollar est surévalué depuis une dizaine d’années. Sur base des éléments disponibles, il est difficile d’en conclure qu’il traverse actuellement une période de faiblesse. Pour que cela se matérialise, il faudrait un net ralentissement de la croissance américaine – voire une récession – et/ou une forte accélération de la croissance des autres pays du monde.
En parallèle, même si les facteurs qui ont contribué à ce que le dollar acquière progressivement le statut de monnaie de réserve par excellence sont quelque peu dégradés, ils demeurent fondamentalement solides, en valeur absolue comme en valeur relative.
Malgré un dollar US moins représenté dans les réserves mondiales ces vingt dernières années, aucune des autres grandes monnaies – l’euro, le yen, la livre sterling – n’a réellement pris le relais.
Par exemple, un quart de la diminution du poids du dollar a été compensée par la monnaie chinoise, le renminbi. Malgré tout, le renminbi joue actuellement un rôle limité dans la finance mondiale en raison du contrôle strict des capitaux exercé par les autorités chinoises, et ce, bien qu’il soit la monnaie de la deuxième puissance économique mondiale et qu’il offre un accès à de vastes marchés financiers et des changes.
L’euro est quant à lui souvent vu comme une alternative possible au dollar, mais il n’y a pas assez d’actifs de qualité libellés en euro que les investisseurs internationaux et les banques centrales pourraient utiliser comme réserve de valeur, et il n’existe pas non plus d’actifs sûrs adossés à ce qu’on pourrait appeler un « État européen unifié ».
Dès lors, même si le dollar s’affaiblit encore, un point de bascule paraît peu probable pour le moment.