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Intelligence artificielle IA : bulle ou pas bulle ?

Ces dernières semaines, une question a été sur toutes les lèvres des journalistes et des experts : l’engouement pour l’intelligence artificielle (IA) est-il en train de créer une bulle boursière ?

 

Puisque c’est une question à laquelle je cherche moi-même des réponses, j’ai décidé de partager le fruit de mes réflexions – pas uniquement en tant qu’investisseur dans des titres liés à l’IA, mais aussi en tant qu’ancien analyste spécialiste du secteur des télécommunications qui a assisté à l’éclatement de la bulle Internet à la fin des années 1990. Cette période m’a beaucoup marqué, et m’a surtout enseigné des leçons qui s’appliquent tout à fait au contexte actuel.

 

À mon sens, la véritable question est de savoir si l’on se trouve aujourd’hui dans la même configuration que celle observée en l’an 2000, ce qui signifierait qu’une bulle est sur le point d’éclater, ou en 1998, ce qui voudrait dire que le point de bascule n’a pas encore été franchi et que les valeurs technologiques ont sans doute encore une marge de progression.

Exubérance du marché actions : comparaison de deux époques

Un graphique en courbe compare les performances de l’indice NASDAQ 100 au cours de deux périodes : de 1997 à 2000 et de 2023 à 2025. Les deux courbes commencent près de zéro. Celle correspondant à 1997-2000 monte fortement après la mi-1999, elle culmine à plus de 450 % début 2000, puis chute brutalement. Celle correspondant à 2023-2025 augmente progressivement pour terminer en octobre 2025 à un peu plus de 100 %.

Sources : Capital Group, LSE Group, Nasdaq. Au 20 octobre 2025. Les résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs.

Avec toute la réserve qui s’impose, mon analyse me pousse à penser que nous sommes plutôt dans une configuration similaire à celle de 1998. Pour rappel, cette année-là, le spécialiste américain des télécommunications par fibre optique, Global Crossing, est entré en bourse : en l’espace de neuf mois, son action est passée de 19 USD à 64 USD. À l’époque, les dirigeants de l’autre grand spécialiste des télécommunications, Worldcom, avaient observé un doublement tous les 90 jours du trafic Internet. Même si l’on sait maintenant que ces deux sociétés ont fini par faire faillite, il faut souligner qu’elles ont enregistré une progression spectaculaire avant que la bulle n’éclate : entre le 14 août 1998, premier jour de cotation de Global Crossing, et le 10 mars 2000, jour où le marché a culminé, l’indice NASDAQ-100 à forte coloration technologique a bondi de plus de 245 %.

 

Cette période a été très délicate pour les gérants de portefeuille expérimentés qui, par scepticisme à l’égard des valeurs technologiques, ont choisi de rester à l’écart de ce secteur alors en plein essor. Si leur prudence s’est avérée judicieuse à partir de 2000, elle les a tout de même empêchés de profiter de gains phénoménaux pendant la phase montante.

 

L’histoire pourrait-elle se répéter ?

 

D’après mon analyse, il y a de fortes chances qu’une bulle finisse par se former, ce qui pourrait déboucher sur une correction brutale. Malgré tout, nous n’y sommes pas encore. L’histoire a beau rimer, comme Mark Twain l’a vraisemblablement affirmé, elle ne se répète jamais à l’identique.

 

Les grands fournisseurs actuels de services Internet et de cloud, comme Amazon, Microsoft et Alphabet, sont en bien meilleure santé financière que leurs prédécesseurs de la fin des années 1990, ce qui leur confère une assise suffisante pour financer leurs investissements massifs. Certains économistes affirment même que les investissements dans l’IA, c’est-à-dire dans l’achat de puces de pointe et la construction de méga centres de données, ont aidé à éviter une récession aux États-Unis cette année.

La trésorerie des entreprises de l’IA atteint des sommets

Un graphique en bâtons verticaux montre, sur la période 2014-2024, l’évolution du free cash-flow des 12 derniers mois de sept sociétés américaines très exposées à l’IA (Alphabet, Amazon, Apple, Broadcom, Meta, Microsoft, Nvidia). Les bâtons augmentent régulièrement, passant d’environ 100 milliards USD en 2014 à près de 400 milliards USD en 2024, avec une forte accélération à partir de 2018. Une droite fléchée au-dessus des bâtons indique une augmentation de 283 % sur la période, soit 14,4 % par an.

Sources : Capital Group, FactSet. Free cash-flow des 12 derniers mois au 31 décembre de chaque année, selon FactSet.

Si l’on en croit certaines estimations, le cycle d’investissement dans l’IA dépasse 2 000 milliards USD, soit pas moins de 7 % du produit intérieur brut des États-Unis. Or, les géants historiques Amazon, Microsoft ou encore Alphabet considèrent qu’ils n’ont pas d’autre choix que d’investir s’ils veulent rester dans la course face à la nouvelle génération de start-ups. Il faut donc s’attendre à ce que cette tendance se maintienne tant que cette vision perdurera.

 

La pièce manquante : une vague d’introductions en bourse

 

Autre différence importante entre la fin des années 1990 et aujourd’hui : hormis les « Magnificent Seven », les champions technologiques actuels restent pour la plupart hors cote. C’est le cas du leader OpenAI – qui est à l’origine du robot conversationnel ChatGPT, lancé en novembre 2022, et désormais l’application la plus téléchargée de l’histoire – mais aussi d’autres start-ups innovantes, telles qu’Anthropic, Cohere, Mistral AI et xAI. Mais c’est à mon avis une simple question de temps. Tôt ou tard, ces entreprises entreront dans une nouvelle étape de leur croissance, laquelle les amènera à entamer le processus d’introduction en bourse.

 

L’un des facteurs à l’origine de la bulle Internet des années 1990 a été une accélération de la croissance des ventes, accélération qui a laissé espérer que la rentabilité finirait par arriver. Les sociétés équivalentes d’aujourd’hui en sont au même point : si leurs chiffres enregistrent une forte croissance, elles pourraient bénéficier d’une ruée des investisseurs quand elles feront leur entrée en bourse, ce qui fera monter le cours de leur action.

Intelligence artificielle : véritable essor ou bulle ?

Le graphique du dessus montre deux courbes représentant le cours boursier et le bénéfice par action à 12 mois d’un groupe de 4 sociétés (Dell, Intel, Cisco, Microsoft) de 1998 à 2002, rebasés à 100 au 1er janvier 1998. Il illustre la formation de la bulle Internet, lorsque le cours des actions de ces sociétés a grandement dépassé leurs bénéfices. Leur cours boursier a culminé le 23 mars 2000, puis la bulle a éclaté, entraînant une forte baisse des valorisations et une convergence avec la croissance de leurs bénéfices à partir du début 2001. Le graphique du dessous montre deux courbes représentant le cours boursier et le bénéfice par action à 12 mois d’un groupe de 7 sociétés (Nvidia, Microsoft, Meta, Apple, Amazon, Alphabet, Broadcom) de 2020 à 2025, rebasés à 100 au 1er janvier 2020. Ces entreprises, qui comptent parmi les principales bénéficiaires de l’adoption de l’IA, ont vu leur cours boursier s’apprécier grâce à la croissance de leurs bénéfices (contrairement à ce qui s'était passé pendant la bulle Internet), et leurs valorisations semblent être alignées sur leurs fondamentaux.
Le graphique du dessus montre deux courbes représentant le cours boursier et le bénéfice par action à 12 mois d’un groupe de 4 sociétés (Dell, Intel, Cisco, Microsoft) de 1998 à 2002, rebasés à 100 au 1er janvier 1998. Il illustre la formation de la bulle Internet, lorsque le cours des actions de ces sociétés a grandement dépassé leurs bénéfices. Leur cours boursier a culminé le 23 mars 2000, puis la bulle a éclaté, entraînant une forte baisse des valorisations et une convergence avec la croissance de leurs bénéfices à partir du début 2001. Le graphique du dessous montre deux courbes représentant le cours boursier et le bénéfice par action à 12 mois d’un groupe de 7 sociétés (Nvidia, Microsoft, Meta, Apple, Amazon, Alphabet, Broadcom) de 2020 à 2025, rebasés à 100 au 1er janvier 2020. Ces entreprises, qui comptent parmi les principales bénéficiaires de l’adoption de l’IA, ont vu leur cours boursier s’apprécier grâce à la croissance de leurs bénéfices (contrairement à ce qui s'était passé pendant la bulle Internet), et leurs valorisations semblent être alignées sur leurs fondamentaux.

Sources : Capital Group, Bloomberg. Cisco, Dell, Microsoft et Intel sont les quatre sociétés qui ont surperformé l’ensemble des marchés financiers pendant la bulle Internet. Données rebasées à 100 au 1er janvier 1998. Nvidia, Microsoft, Apple, Alphabet, Broadcom, Meta et Amazon sont les sept principales sociétés exposées à l’IA. Données rebasées à 100 au 1er janvier 2020.

Il convient également de noter que la Réserve fédérale américaine (Fed) est actuellement engagée dans un cycle de baisse des taux d’intérêt. Or, une politique monétaire accommodante a tendance à offrir un soutien aux actions technologiques les plus fortement valorisées. En 1998, les gouverneurs de la Fed avaient fortement diminué les taux d’intérêt après la faillite du gérant de fonds spéculatifs Long Term Capital Management, et les avait maintenus à de faibles niveaux en raison d’importantes craintes concernant le bug de l’an 2000. Aujourd’hui, les facteurs qui incitent la Fed à assouplir sa politique monétaire sont les droits de douane et la fragilisation du marché de l’emploi américain. Autrement dit, il y a 25 ans comme aujourd’hui, les liquidités abondent, ce qui a tendance à raviver les « esprits animaux » des investisseurs (selon la théorie de Keynes, comportements guidés par l’instinct plutôt que par la raison).

 

Et s’il y avait vraiment une bulle et qu’elle était sur le point d’éclater ?

 

S’il y a quelque chose que j’ai appris au cours de mes trente ans de carrière dans le secteur de l’investissement, c’est que toute analyse ou prévision doit être assortie de réserves : je peux tout à fait me tromper quant à l’ampleur et au calendrier d’une bulle de l’IA. Dans mes portefeuilles, j’investis comme si nous étions en 1998 ou en 1999, c’est-à-dire de manière à tirer pleinement parti du déploiement des tendances liées à l’IA au sein de toutes ces sociétés de croissance. Mais j’intègre aussi un volet défensif pour équilibrer les résultats.

 

Concrètement, je recherche activement les entreprises qui, bien qu’elles soient aujourd’hui délaissées, pourraient s’en sortir plutôt bien en cas d’éclatement de la bulle de l’IA. C’est par exemple le cas dans les secteurs de l’énergie et des services de télécommunications par câble, où les valorisations sont historiquement faibles. On y trouve des sociétés générant des bénéfices corrects, possédant des actifs pérennes et de qualité, et capables de dépasser les attentes.

 

Par exemple, le secteur de l’énergie pèse 2,8 % de l’indice S&P 500, à peine plus qu’au plus fort de la crise du covid, quand les prix du pétrole sont brièvement devenus négatifs. Ce niveau est historiquement bas, et reflète à mon sens un pessimisme excessif à l’égard de ce secteur, qui pourrait tôt ou tard se redresser.

 

De la même panière, le secteur des télécommunications par câble a depuis longtemps perdu les faveurs des investisseurs. Malgré tout, pour ceux qui sont disposés à mener les recherches, ce secteur recèle certainement quelques pépites enregistrant une croissance solide, avec des cash-flows abondants et des multiples très bas. Après tout, il est rare de trouver des opportunités dans des sociétés affichant un PER de 6 fois leurs bénéfices !

 

Parmi les sociétés correspondant à cette thématique, on trouve par exemple Halliburton et Cenovus Energy dans l’énergie, mais aussi Comcast et Charter Communications dans les télécommunications par câble. Par ailleurs, ces deux secteurs pourraient voir leurs valorisations dynamisées en cas d’amélioration de la répartition sectorielle des performances du marché actions.

 

Voilà comment je protège mes portefeuilles des risques (pour l'instant hypothétiques) liés à l’IA.

 

Conclusion

 

Je suis convaincu du potentiel de l’IA dans la transformation de nos sociétés : les avancées sont rapides et cette technologie pourrait donner naissance à de nouvelles sociétés innovantes, de la même manière que la création d’Internet a débouché sur le développement d’Amazon, d’Alphabet, de Meta ou encore de Netflix.

 

Malgré tout, il me paraît important de déterminer là où nous en sommes en termes d’adoption de l’IA, d’engouement des investisseurs et de risques – en particulier si une bulle est effectivement en train de se former. Mon analyse me porte à croire que nous en sommes encore loin. Si vous regardez l’histoire de la bulle Internet, vous pourriez arriver à la même conclusion que moi : il est probablement trop tôt pour laisser le risque de bulle nous empêcher de saisir les opportunités attrayantes offertes par la puissance de cette technologie.

Chris Buchbinder est gérant de portefeuille actions chez Capital Group et possède 29 ans d’expérience en matière d’investissement. Il est titulaire d’une licence d’économie et de relations internationales de Brown University.

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