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Entretien avec Damir Bettini sur les obligations d’entreprise mondiales : priorité à la sélectivité et à une analyse de crédit rigoureuse
Damir Bettini
Gérant de portefeuille obligataire
KEY TAKEAWAYS
  • Les obligations d’entreprise mondiales se sont fortement ressaisies depuis leur plus bas du mois de mars. Compte tenu du resserrement important des spreads de crédit depuis lors, la hausse semble justifiée par des facteurs techniques (niveau inédit des interventions des États et des banques centrales). Toutefois, les fondamentaux restent fragiles dans de nombreux secteurs et régions.
  • Les mesures accommodantes des banques centrales devraient encore soutenir les marchés des obligations investment grade, mais le niveau de relance budgétaire, lui, est plus incertain.
  • Les nouvelles émissions ont pulvérisé des records cette année. Il était donc possible de profiter de valorisations relativement favorables. Nous nous attendons désormais à une normalisation.
  • Les risques paraissent équilibrés, mais toute confiance excessive est à proscrire actuellement et la sélectivité reste de mise.

Les obligations d’entreprise mondiales se sont considérablement redressées depuis le moment le plus fort de la crise au premier trimestre 2020. Considérez-vous cette envolée logique et durable ?


L’année qui s’achève a été caractérisée par une volatilité exacerbée et un élargissement violent des spreads au premier trimestre, pour atteindre un pic le 23 mars, lorsque le coronavirus a plongé les marchés dans la panique. La liquidité s’est tarie et les marchés du crédit se sont retrouvés plus ou moins à l’arrêt. Néanmoins, la reprise qui a succédé a été tout aussi remarquable, tant par son ampleur que par sa rapidité. Les spreads, qui s’étaient fortement élargis, ne sont plus que 12 points de base supérieurs à leur point bas d’avant la crise. En comparaison, il avait fallu près d’un an pour effacer 70 % de la correction entraînée par la crise financière de 20081.


La reprise de ces derniers mois est en grande partie imputables aux plans de relance monétaires et budgétaires sans précédent. Toutefois, les fondamentaux restent fragiles dans de nombreux secteurs et régions.


Il y a aussi de bonnes nouvelles. Les laboratoires Pfizer et Moderna ont annoncé de bons résultats pour leurs vaccins contre le Covid-19, mais l’incertitude régnera encore, du moins au cours des 6 à 12 prochains mois, concernant le calendrier de déploiement et leur efficacité réelle. Je suis plus optimiste sur un horizon à deux ans. D’autres vagues de contagion continuent néanmoins de semer le désordre, que ce soit sur le front de la santé, de l’économie ou du moral des investisseurs.


Le soutien des États aux différents secteurs et à l’emploi, et l’injection de liquidités supplémentaires dans le système financier justifient entièrement la montée en flèche des marchés, mais les raisons sont plus techniques que fondamentales. Ce qui me rassure, c’est que les banques centrales continuent de tout mettre en œuvre pour préserver le fonctionnement des marchés, notamment à travers des mesures susceptibles de soutenir le niveau des spreads. Autrement dit, la hausse s’annonce durable. Par contre, le montant et le rythme des mesures budgétaires à venir restent la grande inconnue. Il y a des chances pour que le robinet se ferme peu à peu, en particulier si la campagne de vaccination porte ses fruits.


En résumé, j’estime que les niveaux de spread actuels sont stables, mais sous l’effet des différents facteurs précités, il faut s’attendre à une hausse de la volatilité. C’est pourquoi j’adopte une position globalement neutre sur le risque de crédit et suis davantage attentif aux opportunités au niveau individuel (émetteurs et émissions). La sélectivité et une analyse fondamentale approfondie du crédit restent indispensables.


 


Selon vous, quel a été l’impact des mesures prises par les banques centrales ?


Leur intervention à travers le monde s’est révélée très efficace pour débloquer les marchés, et leur a aussi donné un coup de pouce direct et indirect. Par ailleurs, elle a donné aux investisseurs l’assurance qu’en cas de besoin, un autre plan d’action pourrait être adopté promptement pour éviter tout nouvel épisode de creusement des spreads et de volatilité comme celui observé en début d’année.


 


1. Au 26 novembre 2020. Plus bas au 20 janvier 2020, d’après le spread ajusté de l’option de l’indice Bloomberg Barclays Global Aggregate Corporate. Source : Bloomberg.


 

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Damir Bettini est gérant de portefeuille obligataire et directeur de recherche chez Capital Group. En tant qu'analyste des investissements à revenu fixe, il couvre les banques européennes. Il a 13 ans d'expérience en matière d'investissement, tous au sein de Capital Group. Plus tôt dans sa carrière chez Capital, il a également couvert les assurances et les télécoms. Avant de rejoindre Capital, Damir était directeur principal et responsable mondial des critères d'assurance chez Fitch Ratings. Avant cela, il était analyste principal des actions d'assurance à la Bank of America et directeur et analyste principal chez Standard & Poor's Insurance Ratings. Il est titulaire d'une licence en ingénierie aéronautique du Queen Mary and Westfield College, Université de Londres. Damir est basé à Londres.


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